mercredi 17 juillet 2013

Réduction des agrocarburants : réaction du directeur de Sofiprotéol

Voici la réaction de Jean-Philippe Puig, directeur de Sofiprotéol, réagit aux choix politiques relatifs aux agrocarburants.



Il critique l'indonésie et l'Argentine mais pas la Malaisie, allez savoir pourquoi... mais comme vous avez lu ce sujet sur notre blog, vous savez pourquoi...

Il parle de 20 000 emplois parce qu'il compte certainement jusqu'à l'intérimaire qui fait les échantillons dans les silos en moisson quand les agriculteurs livrent du colza mais il n'y a "que" 80 emplois en danger avec un arrêt de 20%.

Et le discours sur les protéines végétales prouve toute sa mauvaise fois .

Les vaches laitières peuvent avoir de meilleurs résultats avec de l'enrubanné de luzerne mais depuis 1992 les cogestionnaires ont tout fait pour que cette plante en particulier et l'herbe en générale ne soit pas soutenue contrairement au colza.
En plus d'un point de vue agronomique, sur le long terme la luzerne apporte plus alors que la conduite du colza commence a devenir difficile là où l'on en fait beaucoup depuis 30 ans .


Et puis Sofiprotéol en a contre le soja mais ne critique jamais le jatropha ou l'huile de palme, et là aussi, vous savez pourquoi.
(sinon, voir ici)



Le faux procès fait aux biocarburants
déclaration publiée dans Les Echos du 16 juillet 2013.

Le groupe Sofiprotéol, que je dirige, vient de prendre une décision difficile en lançant le 4 juillet dernier une restructuration de son pôle de production de biodiesel. Nous avons dû nous résoudre à une réduction de 20 % de nos capacités de production et à la suppression d'un peu plus de 80 postes sur deux sites. Nous mettons bien sûr tout en oeuvre pour reclasser les salariés de ces unités au sein même de l'entreprise. Mais il n'en reste pas moins que pour la première fois nous sommes contraints de « réduire la voilure »

Pourquoi ? Si nous prenons des mesures aussi douloureuses c'est tout simplement parce que nous sommes victimes de choix politiques que nous considérons comme fondés sur de faux raisonnements.

Ces raisonnements découlent du fameux facteur Casi (changement d'affectation des sols indirect) brandi dans tous les débats par les adversaires des biocarburants comme la cause ultime de la déforestation de la planète mais aussi comme l'origine de la hausse des cours des matières premières alimentaires. Or ces calculs sont élaborés sur une base scientifique qui, au fil des mois, s'avère fausse et fait de moins en moins autorité. La source, une étude américaine de l'International Food Policy Research Institute a été mise en défaut récemment par une analyse scientifique de l'Inra, démontrant des erreurs basiques de calcul... C'est donc sur ces bases contestées qu'à Paris comme à Bruxelles sont lancées des initiatives pour mettre fin à la production des biocarburants. Le vote de la commission environnement du Parlement européen en faveur du rapport de Corinne Lepage visant à limiter à 5,5 % le taux d'incorporation des biocarburants en est la dernière illustration. C'est un nouveau mauvais coup porté à notre industrie. Si ces propositions sont confirmées, elles remettront en cause l'effort collectif que représente cette filière soutenue depuis plus de vingt ans par les pouvoirs publics de droite comme de gauche dans notre pays.

Si nous avons investi plus de 1 milliard d'euros dans cette filière, c'est précisément parce que nous nous pensions soutenus et pour longtemps ! Pouvons-nous parler d'une politique industrielle quand trois ans après avoir demandé à l'industrie d'investir, les politiques décident de changer les règles conduisant à la fermeture de sites et à la destruction d'emplois ?

Non contents de nous soutenir, nos gouvernants, je le répète à Bruxelles comme à Paris, nous ont encouragés à accroître nos capacités. Qui va oser désormais investir dans la seconde génération sans garantie sur le maintien de la législation ? Faut-il rappeler que nos chercheurs qui travaillent par exemple sur des alternatives aux matières plastiques issues du pétrole ont besoin d'une visibilité sur le long terme ?

A qui profite le crime ? En tout cas pas aux salariés de Sofiprotéol, pas aux agriculteurs de toute la France qui livrent leur colza et leur tournesol à nos partenaires, les coopératives ; pas aux investisseurs qui nous font confiance ni à la balance commerciale française, puisqu'il va nous falloir importer du diesel russe, et finalement pas aux environnementalistes car l'arrêt ou la baisse de production du colza conduira inexorablement à l'importation de protéines de soja... OGM !

Nous sommes le leader mondial de production de biodiesel, nous sommes un groupe français, soutenu par le monde agricole et nous voilà menacés de devoir bientôt laisser notre place aux indonésiens et argentins parce que l'Europe veut se positionner en gendarme écologique de la planète !

On impute aujourd'hui aux biocarburants, générateurs de plus de 20.000 emplois dans notre pays, la responsabilité de la déforestation, alors que la France détruit l'équivalent en surface d'un département tous les dix ans du fait de l'urbanisation... Pourquoi condamner une filière oléochimique liée à cette production, qui pourrait nous placer avantageusement dans cette économie verte dont nous sommes des pionniers ?
Jean-Philippe Puig



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